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Septembre 1991. A la faculté d’informatique de l’UPM, les étudiants de première année ont eu droit à un discours inaugural du doyen. De toute la conférence, je ne me souviens que d’une chose, et c’est le moment où il a dit quelque chose comme « Si vous avez appris à programmer en BASIC, oubliez tout ce que vous savez ». La sentence était probablement encore plus sévère, plus grossière. Comme pour minimiser l’importance d’une langue qui a été sous les feux de la rampe pendant près de trois décennies.
C’est aujourd’hui le 50e anniversaire de la naissance officielle de BASIC. Le 1er mai 1964, à 4 heures du matin, le premier programme BASIC a été exécuté à l’université de Darmouth, et dès lors, sa popularité n’a fait que croître. Il le fera pendant des années, et deviendra le langage avec lequel beaucoup feront (feraient) leurs premiers pas « sérieux » devant un ordinateur.
Je suis sûr que beaucoup d’entre vous qui nous lisent chez Xataka ont « haché du code » en BASIC (si on peut appeler cela « hacher du code »). Ce langage est devenu dans les années 70 et surtout dans les années 80 un composant presque indispensable de tous les types d’ordinateurs 8 bits. Microsoft l’a largement utilisé dans son MS-DOS, et les machines de la première partie des années 80 (C64, Amstrad, Spectrum, MSX) ont également donné à leurs utilisateurs la possibilité de profiter des capacités qu’il offrait.
Mais bien sûr, ce langage avait de nombreuses limitations, et il avait depuis longtemps été supplanté par d’autres alternatives. En outre, les utilisateurs ont de plus en plus recours à des applications programmées par des experts, et les critiques à l’égard de la langue sont évidentes. Dijkstra, l’informaticien qui a créé un célèbre algorithme de recherche, a fait ce constat dès 1975 :
Il est pratiquement impossible d’enseigner une bonne programmation à des étudiants qui ont déjà été exposés au BASIC : en tant que programmeurs potentiels, ils sont mentalement estropiés et sans aucun espoir de régénération.
Il semble que le doyen, dont je ne me souviens pas du nom, ait lu Dijkstra avant son intervention et ait gardé ce commentaire pour lui. Mais tant lui que Dijkstra lui-même auraient pu s’en passer, car il est probable que sans BASIC, beaucoup d’entre nous n’auraient pas (auraient) consacré leur vie aux zéros et aux uns d’une manière ou d’une autre. Il faut bien commencer quelque part, je dis. Et le soussigné en est un exemple.
Félicitations pour le 50, BASIC. Qu’il y en ait beaucoup d’autres.
Via | Slashdot
Plus d’informations | Célébration de l’anniversaire de BASIC à l’université de Darmouth
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