Abd al-Rahman ibn Hisham est né en 1778. Suite au décès de son oncle Soliman du Maroc, Abd al-Rahman est proclamé sultan du Maroc à Fès le 30 novembre 1822. Son règne a commencé pendant une période tumultueuse, où de nombreuses familles nobles et confédérations tribales rurales du Maroc tentaient d’arracher un plus grand pouvoir au centre, et il a passé une grande partie du début de son règne à écraser des révoltes.
Au moment de son ascension, les finances du sultan étaient en pagaille. Avec le pays en désarroi, le gouvernement central (le Makhzen) était incapable de collecter une grande partie des impôts habituels. Abd al-Rahman s’est tourné vers le commerce extérieur, qui avait été supprimé par le sultan précédent, afin d’engranger des recettes douanières, et a commencé à négocier une série de traités commerciaux avec diverses puissances européennes. Abd al-Rahman décide également de relancer l’institution de la piraterie barbare, dans l’espoir de renflouer son trésor, mais cela crée des confrontations avec les puissances européennes : les Britanniques bloquent Tanger en 1828, et les Autrichiens bombardent Larache, Asilah et Tétouan en 1829. Le dernier bombardement d’une ville marocaine en rétribution de la piraterie a eu lieu en 1851 à Salé.
Il était un dirigeant et un administrateur habile et a pu construire des travaux publics et des infrastructures. Il a cependant dû faire face à des conflits internes et a dû réprimer des révoltes à plusieurs reprises : 1824-1825, 1828, 1831-1832, 1843, 1849, 1852, 1853 et 1857-1858. Il a toujours réussi à apaiser les nobles et les mécontents cependant.
La menace étrangère la plus sérieuse pour le Maroc, cependant, était la France, qui avait lancé son invasion de l’Algérie voisine en 1830. Abd al-Rahman a fait monter en urgence des troupes marocaines pour défendre Tlemcen, mais elles ont été repoussées et Tlemcen a été capturée par les Français en 1832. Abd al-Rahman a soutenu la résistance de la guérilla en Algérie dirigée par Abd al-Qadir al-Jaza’iri, bien qu’à titre provisoire, ne souhaitant pas subir les représailles françaises. Mais les tribus frontalières du Maroc ont continué à soutenir plus activement Abd al-Qadir, ce qui a incité les Français à lancer leurs propres frappes par-dessus la frontière et à établir des avant-postes en territoire marocain, ce qui n’a fait qu’attiser la réaction au Maroc et accroître la guerre frontalière irrégulière. Les Français ont exigé que le Maroc cesse de soutenir Abd al-Qadir et cède ses terres frontalières orientales au contrôle français et, en 1844, ils ont déclenché la guerre franco-marocaine. La guerre ne se passe pas bien pour le sultan. La marine française bombarde Mogador (Essaouira) et Tanger, tandis que l’armée marocaine, commandée par Moulay Muhammad, le fils d’Abd al-Rahman, subit une défaite décisive lors de la bataille d’Isly en août 1844. Abd al-Rahman est contraint de consentir à l’humiliant traité de Tanger en octobre 1844, qui retire son soutien à al-Qadir, réduit les garnisons frontalières et soumet la frontière maroco-algérienne à des modifications. Le traité de Lalla Maghnia est signé en mars 1845, par lequel la frontière marocaine est délimitée plus à l’ouest, plus près de la Moulouya.
Les traités aggravent la situation intérieure du Maroc, qui devient plus instable, Abd al-Rahman étant accusé de céder trop rapidement aux exigences françaises. Abd al-Rahman a en fait rejeté le traité de Lalla Maghnia dans un premier temps, rejetant la faute sur ses négociateurs, mais a finalement été contraint de le ratifier. Les unités de l’armée et les tribus rurales du nord et de l’est, déjà pratiquement ingouvernables, ont commencé à soulever des rébellions qui n’ont été écrasées qu’avec difficulté. La suite a vu la rupture entre Abd al-Rahman et Abd al-Qadir.
En 1856, Mulai Abd al-Rahman a établi le souk de Zraqten sur le côté nord du Haut Atlas, ajoutant au territoire du sud du Maroc contrôlé par les Glaouis, qui étaient des Caids gouvernant diverses régions du sud du 18ème siècle jusqu’à l’indépendance du Maroc en 1956, après s’être initialement installés à Telouet pour établir un souk. Ils taxaient les caravanes voyageant depuis les régions du Sahara et du Tafilalt, ainsi que les marchandises vendues localement.
Les jardins de l’Agdal de Marrakech, un jardin irrigué, créé à l’origine par les Almoravides au 12ème siècle et agrandi à l’époque des Saadiens a été rénové, reboisé et encerclé par des remparts sous le règne de Moulay Abd al-Rahman.
Abd al-Rahman est mort à Meknès le 28 août 1859. Son fils, le sultan Mohammed IV du Maroc, lui succède.
Pendant son long règne, il s’est montré compétent à une époque où l’Afrique était colonisée par des nations européennes plus fortes. Il a pu rester indépendant et maintenir ses frontières sans céder aucune terre. Il a également signé les traités nécessaires pour faire respecter ses croyances.