Vie précoceEdit
Abigail Hill était la fille de Francis Hill, un marchand londonien, et d’Elizabeth Hill (née Jennings). Elizabeth Hill était une tante de Sarah Jennings, plus tard duchesse de Marlborough. La famille fut réduite à la pauvreté par les spéculations de son père, et Abigail fut contrainte de travailler comme servante pour Sir John Rivers of Kent.
Abigail se lie d’amitié avec sa cousine germaine Sarah Jennings, ou Lady Churchill (comme la duchesse était alors connue), qui était dame de chambre de la princesse Anne. L’amitié de Sarah envers Abigail peut avoir dérivé de l’embarras que sa cousine ait connu des temps si difficiles plutôt que d’être basée sur une véritable affection.
L’affirmation de Sarah Churchill selon laquelle elle n’avait que récemment, et tout à fait par hasard, pris connaissance de l’existence d’Abigail était justifiable, car leur grand-père commun, Sir John Jennings, avait 22 enfants, et Sarah pouvait très bien ne pas connaître tous ses nombreux cousins germains. Sarah Churchill accueillit Abigail dans sa propre maison à St. Albans. Après l’accession de la princesse Anne au trône en 1702, Abigail reçut une nomination dans la maison de la reine vers l’année 1704.
La favorite de la reineEdit
En 1704, la reine s’était lassée à la fois des fréquentes absences de Sarah, duchesse de Marlborough (comme Sarah était maintenant devenue), de la Cour et de ses conférences politiques. Il y a une différence significative entre elles car Sarah, la duchesse, est une Whig et Anne une Tory. Sarah souhaite que la reine Anne nomme davantage de ministres whigs, dont la majorité est favorable aux campagnes du premier duc de Marlborough dans la guerre de succession d’Espagne. La reine, qui n’était pas prête à abandonner le « Church Party » (comme on appelait communément les Tories, la religion étant la principale préoccupation d’Anne) même pour sa favorite, confia à son Lord Trésorier, le 1er comte de Godolphin, qu’elle ne pensait pas que Sarah et elle pourraient redevenir de vraies amies.
Il ne fallut pas longtemps pour qu’Abigail Hill commence à supplanter sa puissante et impérieuse parente en faveur de la reine Anne. Il n’est pas certain qu’Abigail ait été coupable de l’ingratitude délibérée dont l’accuse Sarah, duchesse de Marlborough. Il est probable que l’influence d’Abigail sur la reine n’était pas tant due à une subtile machination de sa part qu’au contraste entre son caractère doux et génial et le tempérament plus fort de la duchesse : l’influence de Sarah, après de nombreuses années d’emprise incontestée, était peut-être finalement devenue intolérable pour la reine.
La première intimation que Sarah Churchill eut de la faveur croissante de sa protégée auprès de la reine lui parvint durant l’été 1707. Elle apprit qu’Abigail Hill avait été mariée en privé à Samuel Masham, un gentilhomme de la maison de la reine : la reine avait été présente au mariage. Sarah découvre ensuite qu’Abigail a, pendant un certain temps, joui d’une intimité considérable avec sa maîtresse royale, sans que la duchesse n’en ait eu la moindre idée. Abigail était également, du côté de son père, une cousine de Robert Harley (sa mère Abigail Stephens était une nièce de sa grand-mère, également nommée Abigail Stephens), et après la destitution de Harley en février 1708, elle l’aida à maintenir des relations confidentielles avec la reine. Harley fut plus tard créé, en mai 1711, 1er comte d’Oxford et comte Mortimer.
L’achèvement de l’ascendant d’Abigail fut constaté en 1710 lorsque la reine contraignit Marlborough, bien contre sa volonté, à donner un important commandement au colonel John Hill, frère d’Abigail. Sunderland, Godolphin et les autres ministres whigs sont rapidement démis de leurs fonctions, en grande partie grâce à l’influence d’Abigail, pour laisser la place à Harley et Bolingbroke.
L’année suivante, bien qu’elle soit duchesse de Marlborough, Sarah est renvoyée de la Cour. Abigail, désormais connue sous le nom de Lady Masham, prit sa place en tant que gardienne de la bourse privée. En 1711, les ministres, qui avaient l’intention de provoquer la disgrâce de Marlborough et d’arranger la paix d’Utrecht, ont jugé nécessaire d’assurer leur position à la Chambre des Lords en créant douze nouveaux pairs connus sous le nom de Harley’s Dozen. L’un d’entre eux était Samuel Masham, le mari d’Abigail, qui fut créé Baron Masham, bien que la Reine ait montré une certaine réticence à élever sa femme de chambre à un poste dans lequel elle pourrait se montrer moins disposée à donner ses services personnels à la Reine. Lady Masham est restée en tant que femme de chambre à partir de 1713.
Abigail se brouilla bientôt avec Harley, qui était maintenant connu sous le nom de Lord Oxford et Mortimer, et se mit à favoriser par tous les moyens en son pouvoir le dégoût personnel croissant de la reine pour son ministre. Le vacillement de Harley entre les jacobites et les adhérents de la succession hanovrienne à la Couronne renforça probablement l’opposition d’Abigail, qui favorisait désormais chaleureusement le parti jacobite dirigé par Bolingbroke et Francis Atterbury.
Des altercations ont lieu en présence de la reine entre Abigail et le ministre. Finalement, le 27 juillet 1714, Anne démet Lord Oxford et Mortimer (comme Harley est maintenant connu) de son poste de Lord Haut Trésorier, et trois jours plus tard donne le personnel au 1er duc de Shrewsbury. Anne meurt le 1er août 1714, à l’âge de 49 ans. Abigail se retire alors dans la vie privée et vit tranquillement dans sa maison de campagne d’Otes jusqu’à sa mort en 1734. Elle est enterrée dans le cimetière de All Saints dans le village de High Laver dans l’Essex.