15
n’a-t-il pas pris ce qui lui était désigné par le nom de « Grande Eau » pour l’océan Pacifique ou du moins pour un grand cours d’eau qui s’y déversait1. Les Winnebagos parlaient une langue radicalement différente de celle des Hurons et des Algonquins ; est-il certain qu’il comprenait parfaitement ses interlocuteurs ? Ce sont là des points douteux dont la discussion m’entraînerait trop loin au-delà des limites que je me suis tracées2 ; on peut néanmoins se demander pourquoi Nicolet, se croyant à trois jours de voyage de la mer, n’aurait pas dû aller vérifier le fait ; était-ce parce qu’il était tellement convaincu qu’il jugeait cette vérification inutile ?
1 On a cru longtemps que le Mississippi se déversait dans l’océan Pacifique ; le contraire ne fut connu qu’en 1689 par les explorations du chevalier La Salle, et il fallut en effet attendre dix-sept ans pour que la question fût entièrement tranchée par Lemoyne d’Iberville trouvant par eau l’embouchure du fleuve. (Benj. Sulte, loc. cit.)- H. J.
2 Voir Benj. Sulte, Mélanges d’Histoire et de Littérature, 1876, et C. W. Butterfield, loc. cit.- H. J.
Il semble cependant tout à fait certain qu’il n’a pas limité son voyage aux rivières Fox et Wisconsin mais qu’il s’est avancé vers le sud dans le territoire habité par les Illinois. Les Relations écrites après 1636 par les pères Le Jeune et Vincent, contiennent en effet beaucoup de renseignements donnés par Nicolet sur le pays et les habitants au sud-ouest du lac Michigan.3 Il fut le premier Français à pénétrer aussi loin dans cette direction.4
3 Cela donne une fausse impression. L’auteur devrait dire « au sud-ouest de Green bay », ou « à l’ouest du lac Michigan » – Ed.
4 Benj. Suite ; Mélanges d’Hist. et de Litt., 1876.-H. J.
Retournant sur ses pas, il rentra dans Québec au commencement de l’automne 1635 avec une riche provision d’observations de toute sorte, ayant acquis pour l’influence française et par des moyens pacifiques seulement, de grandes populations jusqu’alors inconnues. Il est probable qu’il n’aurait pas cessé ses voyages aventureux si la mort de Champlain, survenue peu après son retour, n’avait suspendu pour quelque temps ce genre d’entreprise. Nicolet était alors stationné, dans sa charge de greffier et d’interprète, au poste des Trois-Rivières, le plus turbulent
.