Il est peut-être temps de dire adieu à la tourbe dans le jardin. La mousse de tourbe, c’est-à-dire.
La tourbe a été d’une grande aide pendant des années, surtout avec les semis. Elle a permis à nos mélanges de rempotage de mieux retenir à la fois l’eau et l’air, si importants pour des racines confinées, et elle a aidé à s’accrocher à certains nutriments qui auraient autrement été emportés par le fond des pots.
Dans le jardin, la tourbe a été tout aussi utile. Elle a permis d’acidifier le sol pour les plantes qui en ont besoin. J’attribue en partie le succès de mes myrtilles à la tourbe. (J’en ai mélangé un seau dans le trou de plantation de chaque buisson, puis, pour une acidification plus spectaculaire, au besoin, j’ai ajouté du soufre, un minéral naturel.)
Mais M. Moss doit partir, ou du moins être freiné. Cela a à voir avec l’endroit d’où il vient. La mousse de tourbe n’est pas durable.
Un côté sombre de la tourbe
La mousse de tourbe provient des tourbières, ces environnements humides où vivent des créatures uniques comme les sarracénies mangeuses d’insectes, les grues du Canada à tête rouge et à long cou, et les grands papillons des landes. La tourbe s’est formée lorsque les plantes sont mortes et ont été englouties dans l’eau pour se décomposer partiellement. Ce qui restait, après des milliers d’années, était une épaisse couche d’humus presque pur, précieux aussi pour être relativement stérile et relativement stable à une décomposition ultérieure.
La tourbe poussait très, très lentement, environ un mètre de profondeur tous les mille ans.
Maintenant, on a tellement récolté la tourbe pour l’utiliser dans les jardins et les paysages qu’il n’en reste plus beaucoup dans de nombreux endroits. Quatre-vingt-quinze pour cent des tourbières d’Angleterre ont été perdues au cours des cent dernières années, la plupart ayant été brûlées comme combustible.
Une tourbière est un écosystème unique, précieux en soi ainsi que pour purifier l’eau qui y circule. La récolte de la mousse de tourbe détruit cet écosystème, et l’approvisionnement sera épuisé étant donné la lenteur de la régénération.
Des approches plus durables
Nous pouvons tempérer, dans une certaine mesure, le caractère sombre du scénario ci-dessus. Les chercheurs ont trouvé des moyens de récupérer un écosystème de tourbière si seulement une partie de la couche de tourbe a été enlevée.
Et une grande partie de la tourbe de la Terre reste intacte. Le Canada possède encore plus de 200 millions d’acres, soit environ un quart de l’approvisionnement mondial.
D’autre part, la tourbe est-elle si indispensable au jardin et au paysage ? Non, elle ne l’est pas !
Y a-t-il d’autres matériaux qui pourraient servir aussi bien ? Oui, il y en a !
Le compost et la moisissure des feuilles, par exemple, peuvent tous deux être fabriqués dans votre propre jardin. Il y a aussi la sciure, l’écorce déchiquetée ou les copeaux de bois – toutes des ressources renouvelables.
Le principal prétendant à la place de la tourbe est un matériau appelé poussière de coco, ou cocopeat. Ce déchet issu de la transformation du coco, une fibre provenant des coques de noix de coco qui entre dans la fabrication de cordes, de paniers, de tapis, d’emballages et d’autres produits, peut désormais avoir une vie utile en rendant les jardins plus colorés et plus productifs. Ses caractéristiques et même son apparence sont très similaires à celles de la mousse de tourbe. Gardez l’œil ouvert et demandez des produits contenant du coco ; il est disponible, tout comme la mousse de tourbe, dans les mélanges de rempotage, et aussi directement dans un sac ou une balle.
Ni le coco ni les autres substituts de la mousse de tourbe ne peuvent nécessairement remplacer la tourbe 1 pour 1 ; il faut ajuster les mélanges de rempotage. Mais là encore, les noix de coco poussent beaucoup plus vite que la tourbe.
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