Contexte : Les données sur le risque de développer une altération du métabolisme du glucose au cours de la vie, y compris le prédiabète, sont rares, tout comme celles sur le risque d’une éventuelle progression du prédiabète vers le diabète et sur l’initiation d’un traitement à l’insuline chez les patients diabétiques non traités auparavant. Nous avons cherché à calculer le risque à vie de l’ensemble des altérations du glucose, de la normoglycémie au prédiabète, au diabète de type 2 et à l’utilisation éventuelle d’insuline.
Méthodes : Dans cette analyse prospective de cohorte basée sur la population, nous avons utilisé les données de l’étude de Rotterdam basée sur la population. Nous avons identifié les événements diagnostiques en utilisant les dossiers des médecins généralistes, les lettres de sortie d’hôpital, les données des pharmacies et les mesures de la glycémie sérique à jeun prises lors des visites du centre d’étude (Rotterdam, Pays-Bas). La normoglycémie, le pré-diabète et le diabète ont été définis sur la base des critères de l’OMS pour la glycémie à jeun (normoglycémie : ≤6-0 mmol/L ; pré-diabète : >6-0 mmol/L et <7-0 mmol/L ; et diabète ≥7-0 mmol/L ou utilisation d’un médicament hypoglycémiant). Nous avons calculé le risque à vie en utilisant une version modifiée de l’analyse de survie ajustée pour le risque concurrent de décès. Nous avons également estimé le risque à vie de progression du prédiabète vers le diabète déclaré et du diabète sans traitement par insuline vers l’utilisation d’insuline. De plus, nous avons calculé les années vécues avec un métabolisme glycémique sain.
Constatations : Nous avons utilisé les données de 10 050 participants de l’étude de Rotterdam. Au cours d’un suivi allant jusqu’à 14-7 ans (entre le 1er avril 1997 et le 1er janvier 2012), 1148 participants ont développé un prédiabète, 828 un diabète et 237 ont commencé un traitement à l’insuline. À l’âge de 45 ans, le risque restant au cours de la vie était de 48-7 % (IC 95 % : 46-2-51-3) pour le prédiabète, de 31-3 % (29-3-33-3) pour le diabète et de 9-1 % (7-8-10-3) pour l’insulinothérapie. Chez les personnes âgées de 45 ans, le risque à vie de passer d’un prédiabète à un diabète était de 74-0% (IC 95% 67-6-80-5), et 49-1% (38-2-60-0) des personnes présentant un diabète déclaré à cet âge ont commencé un traitement par insuline. Les risques à vie s’atténuaient avec l’âge, mais augmentaient avec l’IMC et le tour de taille. En moyenne, les personnes souffrant d’obésité sévère vivaient 10 ans de moins sans altération du glucose par rapport aux personnes de poids normal.
Interprétation : L’altération du métabolisme du glucose est un fardeau substantiel pour la santé de la population, et nos résultats soulignent la nécessité de stratégies de prévention plus efficaces, qui devraient être mises en œuvre le plus tôt possible dans la vie d’une personne. Le risque substantiel de prédiabète et de diabète au cours de la vie chez les personnes maigres soutient également le contrôle des facteurs de risque chez les personnes non obèses.
Financement : Erasmus MC et Université Erasmus de Rotterdam ; Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique ; Organisation néerlandaise pour la recherche et le développement dans le domaine de la santé ; Institut de recherche sur les maladies des personnes âgées ; Initiative génomique néerlandaise ; Ministère néerlandais de l’éducation, de la culture et des sciences ; Ministère néerlandais de la santé, du bien-être et des sports ; Commission européenne ; et municipalité de Rotterdam.